vendredi 1 juin 2012

Rembourser les approches psychocorporelles de la douleur chronique ?

La Haute Autorité de Santé (HAS) définit le syndrome douloureux chronique [1] comme "un syndrome multidimensionnel, lorsque la douleur exprimée, quelles que soient sa topographie et son intensité, persiste ou est récurrente au-delà de ce qui est habituel pour la cause initiale présumée, répond insuffisamment au traitement, ou entraîne une détérioration significative et progressive des capacités fonctionnelles et relationnelles du patient".

Au-delà de cette définition, la HAS précise que certains signes cliniques doivent alerter :
  • résistance à l’analyse clinique et au traitement a priori bien conduit et suivi ;
  • composante anxieuse, dépressive ou autres manifestations psychopathologiques ;
  • interprétations ou croyances du patient éloignées des interprétations du médecin concernant la douleur, ses causes, son retentissement ou ses traitements.

Ces signes d'alerte démontrent à la fois les limites des traitements médicamenteux, la nécessité d'une approche cognitive (pour travailler sur les "croyances" et "interprétations") et les besoins des patients en termes d'approches psychologiques. Le développement des approches psychocorporelles apparait donc clairement comme une priorité de santé publique, pour une meilleure prise en charge de la douleur chronique sur l'ensemble du territoire. Longtemps nommées "approches non médicamenteuses", du fait de l'hégémonie de la chimie, ces approches se sont progressivement fait un nom propre ; il s'agit en particulier des :

Ces approches ont fait l'objet d'un nombre considérable d'études scientifiques à travers le monde, leur efficacité a pu ainsi être démontrée ; elles sont également enseignées dans les universités et donnent lieu à des diplômes universitaires [2,3].

Malheureusement, à ce jour, elles ne font l'objet d'aucun remboursement par l'assurance maladie. Seules les structures d'étude et de traitement de la douleur chronique (voir article de mon blog) les proposent à leurs patients sans coût à leur charge, du fait de leur mission d'intérêt général et de la présence obligatoire d'un médecin, d'un psychologue et d'une infirmière. Cependant, ces structures prennent en charge 200 000 patients par an, ce qui représente à peine 2% des 10 à 15 millions de français présentant un syndrome douloureux chronique…




Les différents plans cancers ont permis la prise en charge d'un forfait de consultations psychologiques dans le cadre des "soins de support" : en sera-t-il un jour de même pour la douleur chronique ? L'objectif des TCC et des pratiques psychocorporelles étant de favoriser l'autonomie du patient face à sa douleur, définir un nombre de séances prises en charge par l'assurance maladie constituerait une première étape. Les acteurs du soin et les associations de patients ont tout intérêt à unir leur force pour la franchir !