dimanche 6 mai 2012

Fibromyalgie et trouble du sommeil : l'œuf ou la poule ?

Cet écrit est né de mes échanges avec des patients sur le réseau social Twitter (ils se reconnaitront) : rien de bien étonnant à cela puisqu'en cas de fibromyalgie, 3 personnes sur 4 présentent un trouble du sommeil (trouble de l'endormissement et/ou réveils nocturnes et/ou sentiment d'un sommeil non réparateur).



Le texte "Sleep, pain, fibromyalgia, and chronic fatigue syndrome" a particulièrement retenu mon attention : long de 25 pages et riche de plus de 250 références bibliographique, ce chapitre du "Handbook of Clinical Neurology" date de 2011. Autant dire qu'il offre un point complet et récent sur le sujet. Pour autant, il propose au lecteur plus de questions que de réponses…


Peu de connaissances sur le sujet
Malgré l'émission de différentes hypothèses (ondes alpha, altération de différentes phases du sommeil superficiel, profond ou paradoxal…) les différentes études cliniques utilisant la polysomnographie n'ont pas réussi à identifier un trouble du sommeil spécifique à la fibromyalgie. Dans certains cas, les patients présentent d'autres troubles qui peuvent bénéficier d'une prise en charge spécifique (apnée du sommeil, syndrome des jambes sans repos), mais ces troubles restent minoritaires. Alors, que connaissons-nous vraiment sur ce sujet ? Les douleurs musculaires chroniques sont-elles à l'origine du trouble du sommeil ? La perturbation de la qualité de sommeil favorise-t-elle la douleur ? Manifestement les 2 à la fois, ce qui fait qu'il n'y a ni œuf ni poule mais plutôt un cercle vicieux entre la douleur et le trouble du sommeil, qui s'autoalimentent l'un l'autre…

Les médicaments ont leurs limites…
Et pour cause, ils ont souvent plus d'inconvénients que d'avantages. Par exemple, si la prise de faibles doses d'antidépresseurs le soir peut favoriser l'endormissement, elle peut aussi perturber la qualité du sommeil. Il en est de même pour les benzodiazépines, dont la prescription est limitée en France à 12 semaines du fait du risque de dépendance (voir article de mon blog). L'auteur précise que les hypnotiques doivent être réservés aux insomnies sévères et prescrits sur de courtes durées. Les antalgiques peuvent diminuer l'intensité douloureuse, surtout en période diurne, mais sans effet démontré sur la qualité de sommeil. Rien de bien miraculeux donc…

Hygiène de vie, encore et toujours
Des règles hygiéno-diététiques sont à recommander : ne pas consommer de caféine ou d'autres excitants l'après-midi et le soir, éviter l'alcool, les repas lourds et l'exercice dans les heures qui précèdent le coucher, garder un rythme de sommeil régulier (quitte à tenir un agenda), dormir dans un endroit calme, frais et dans l'obscurité. Même si leur efficacité peut être limitée, il ne faut pas oublier ces quelques conseils simples.

Et bien sûr les TCC !
Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont les approches les plus prometteuses, du fait d'une balance bénéfice-risque bien meilleure que tous les médicaments existants (voir article de mon blog). Les TCC peuvent améliorer la qualité de sommeil, mais aussi aider à gérer la fatigue et la douleur chronique, c'est-à-dire les 3 symptômes les plus fréquents de la fibromyalgie. Dans ce cadre, je conseille la lecture de la collection "Réussir à surmonter (…) avec les TCC" :




Information complémentaire : journée mondiale de la fibromyalgie le 12 mai 2012