samedi 4 août 2012

L’IRM chez le lombalgique : c’est pas automatique (saison 1, épisode 3)

La situation clinique décrite dans mon précédent post est une illustration concrète des conséquences du mésusage de l’IRM en cas de lombalgie. Mais finalement, quelles sont les bonnes pratiques ? Dans quelles situations l’IRM est-elle indiquée ? La réponse figure dans un article qui vient de paraître dans la revue de radiologie clinique d’Amérique du Nord :
  • Tableau clinique d’atteinte radiculaire (lombalgie avec irradiation dans la jambe dans les territoires neurologiques L4, L5 ou S1 et signe de Lasègue) si un geste chirurgical ou infiltratif est envisagé
  • Tableau clinique de canal lombaire étroit (lombalgie avec irradiation radiculaire chez la personne âgée, avec claudication) si un geste chirurgical est envisagé
  • Signes cliniques en faveur d’un syndrome de la queue de cheval (rétention urinaire, incontinence fécale, anesthésie en selle)
  • Déficit neurologique sévère (faiblesse motrice progressive ou déficit moteur dans plusieurs territoires neurologiques)
  • Suspicion d’infection rachidienne (lombalgie + fièvre + infection récente et/ou usage de drogue intraveineuse)



En dehors de ces situations bien précises, l’IRM n’est pas indiquée : dans le meilleur des cas, elle n’aurait aucune influence sur la décision thérapeutique. Dans le pire des cas, elle aboutirait à des gestes invasifs inutiles et/ou iatrogènes (voir mon précédent post). Dans tous les cas, de l’argent serait dépensé bien inutilement.

Les auteurs de cet article détaillent les bonnes pratiques en imagerie du rachis : il semble qu’il soit vraiment temps de le faire, puisque le nombre d’IRM lombaires réalisées aux USA a été multiplié par 3 entre 1994 et 2004 !




Voici les points clés qui figurent en première page de cet article (à méditer) :
  • Il est démontré que les examens radiologiques lombaires réalisés de façon systématique n’améliorent pas l’évolution du patient, l’exposent à des risques inutiles et augmentent les coûts de santé
  • Les examens d’imagerie, et surtout l’IRM, ne doivent être pratiqués que chez les patients présentant un déficit neurologique sévère ou des signes cliniques spécifiquement évocateurs d’une pathologie grave sous-jacente
  • Lutter contre l’usage excessif des examens d’imagerie nécessite de travailler sur les comportements des prescripteurs, les attentes et l’information des patients, en intégrant la dimension économique
  • Les radiologues peuvent y contribuer en tant qu’experts : l’examen est-il vraiment utile ? Est-il approprié ? Les images observées ont-elles vraiment (ou non) une traduction clinique ?

 


Fin de la saison...