La situation clinique décrite dans mon précédent post est une illustration concrète des conséquences du mésusage de l’IRM en cas de lombalgie. Mais finalement, quelles sont les bonnes pratiques ? Dans quelles situations l’IRM est-elle indiquée ? La réponse figure dans un article qui vient de paraître dans la revue de radiologie clinique d’Amérique du Nord :
- Tableau clinique d’atteinte radiculaire (lombalgie avec irradiation dans la jambe dans les territoires neurologiques L4, L5 ou S1 et signe de Lasègue) si un geste chirurgical ou infiltratif est envisagé
- Tableau clinique de canal lombaire étroit (lombalgie avec irradiation radiculaire chez la personne âgée, avec claudication) si un geste chirurgical est envisagé
- Signes cliniques en faveur d’un syndrome de la queue de cheval (rétention urinaire, incontinence fécale, anesthésie en selle)
- Déficit neurologique sévère (faiblesse motrice progressive ou déficit moteur dans plusieurs territoires neurologiques)
- Suspicion d’infection rachidienne (lombalgie + fièvre + infection récente et/ou usage de drogue intraveineuse)
En dehors de ces situations bien précises, l’IRM n’est pas indiquée : dans le meilleur des cas, elle n’aurait aucune influence sur la décision thérapeutique. Dans le pire des cas, elle aboutirait à des gestes invasifs inutiles et/ou iatrogènes (voir mon précédent post). Dans tous les cas, de l’argent serait dépensé bien inutilement.
Les auteurs de cet article détaillent les bonnes pratiques en imagerie du rachis : il semble qu’il soit vraiment temps de le faire, puisque le nombre d’IRM lombaires réalisées aux USA a été multiplié par 3 entre 1994 et 2004 !
Voici les points clés qui figurent en première page de cet article (à méditer) :
- Il est démontré que les examens radiologiques lombaires réalisés de façon systématique n’améliorent pas l’évolution du patient, l’exposent à des risques inutiles et augmentent les coûts de santé
- Les examens d’imagerie, et surtout l’IRM, ne doivent être pratiqués que chez les patients présentant un déficit neurologique sévère ou des signes cliniques spécifiquement évocateurs d’une pathologie grave sous-jacente
- Lutter contre l’usage excessif des examens d’imagerie nécessite de travailler sur les comportements des prescripteurs, les attentes et l’information des patients, en intégrant la dimension économique
- Les radiologues peuvent y contribuer en tant qu’experts : l’examen est-il vraiment utile ? Est-il approprié ? Les images observées ont-elles vraiment (ou non) une traduction clinique ?
Fin de la saison...