De nombreux internautes consultent mon blog après avoir cherché des informations sur le clonazépam (RIVOTRIL®) dans le
moteur de recherche Google. Au delà de mes 2 précédents articles (
"chronique d'une mort annoncée" et
"un sevrage dans la douleur"), il m'a donc semblé intéressant de refaire un point sur les nouvelles modalités de prescription et de délivrance de cette molécule, sous la forme de questions / réponses. Comme vous pourrez le constater, pour ce qui est de la prise en charge de la douleur, la réponse est toujours non…
Peut-on encore me prescrire du RIVOTRIL® ?
Oui si vous êtes traité(e) pour une épilepsie. Non si ce traitement était utilisé pour la prise en charge de la douleur, de l'anxiété, d'un trouble du sommeil, d'un syndrome des jambes sans repos… En dehors de l'épilepsie, le rapport bénéfice / risque du RIVOTRIL® a été jugé défavorable (il vous fait prendre plus de risques qu'il ne vous apporte de bénéfice, même si vous ne vous en rendez pas compte).
Mon pharmacien continue à me délivrer du RIVOTRIL® alors que je n'ai pas d'épilepsie, il me dit qu'il a le droit si la prescription est faite sur des ordonnances sécurisées. A-t-il raison ?
La réponse est non. Votre pharmacien applique les règles fixées par un arrêté daté du 24 août 2011 [1]. Il semble qu'il n'ait pas connaissance des nouvelles règles fixées par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM,
voir article de mon blog) en septembre 2011 [2] et mises en vigueur à la date du 15 mars 2012. Pourtant, tous les professionnels de santé ont reçu une lettre d'information très claire : prescription initiale réservée aux spécialistes en neurologie ou aux pédiatres qui devront la renouveler chaque année (les renouvellements intermédiaires pourront être effectués par tout médecin), dans le cadre de l'épilepsie.
Une consultation de la douleur peut-elle me prescrire du RIVOTRIL® ?
La réponse est non. Il m'arrive dans ma pratique d'être confronté à ce type de question ; dans certains cas c'est le médecin traitant ou le pharmacien qui conseille au patient de se retourner vers moi pour obtenir une prescription. Les médecins des structures d'étude et de traitement de la douleur chronique (voir article de mon blog) n'ont pas plus que les autres la possibilité de déroger aux nouvelles règles fixées par l'ANSM.
J'utilise le RIVOTRIL® pour mes douleurs neuropathiques depuis plus de 10 ans : ne serait-il pas plus judicieux de le continuer ?
La réponse est non. Il est très probable que d'autres molécules puissent vous apporter une efficacité équivalente sans prendre autant de risques, notamment de chutes ou d'accident par défaut de concentration ou sédation. Le clonazépam est clairement déconseillé [3] par la
Société Française d’Étude et De Traitement de la Douleur (SFETD) dans le traitement des douleurs neuropathiques.
J'ai encore des réserves de RIVOTRIL® dans mon armoire à pharmacie, je peux encore prendre mon traitement pendant 6 mois. Poursuivre ce traitement jusqu'à épuisement des stocks est-il une bonne idée ?
La réponse est non. Je conseille aux patients qui sont dans cette situation d'échanger avec leur médecin traitant au plus vite car leur situation constitue une véritable bombe à retardement… En cas d'hospitalisation, cette prescription ne pourra pas être poursuivie. Le jour où ils seront définitivement en panne de traitement, ils auront à faire face à un
syndrome de sevrage, dont la sévérité est souvent proportionnelle à l'ancienneté de la prise de clonazépam.
Je continue à prendre du RIVOTRIL® pour mes douleurs chroniques grâce à mes réserves : dois-je l'arrêter brutalement ?
La réponse est non. Le clonazépam est une benzodiazépine, famille de molécule pour lesquelles un arrêt brutal provoque généralement un syndrome de sevrage. Il est donc conseillé de diminuer très progressivement les doses. Il est parfois nécessaire de remplacer temporairement le clonazépam par une autre molécule de la même famille. Dans tous les cas, une réévaluation globale de la douleur chronique et de ses traitements est nécessaire : il faut alors faire appel à son médecin traitant, qui pourra s'appuyer sur la mise au point de l'AFSSAPS datée de novembre 2011 [4] et, si besoin, sur une structure d'étude et de traitement de la douleur chronique.
Le RIVOTRIL® peut-il être utilisé chez les patients en soins palliatifs ?
La réponse est non, en dehors bien sûr de l'épilepsie. Le clonazépam n'est pas la benzodiazépine de référence en soins palliatifs, il existe d'autres molécules qui font l'objet de recommandations de bonne pratique, telles que le midazolam.
Références