Parmi les douleurs les plus répandues, les céphalées et les lombalgies figurent parmi les plus fréquentes, et parmi les plus invalidantes lorsqu’elles deviennent chroniques. Elles peuvent aussi « cohabiter » chez le même individu : mais est-ce si fréquent ? Pour le savoir, les auteurs allemands de cette étude ont interrogé 18000 de leurs compatriotes : 9944 ont répondu au questionnaire (taux de retour de 55%).
Question principale de cette étude : avoir mal à la tête augmente-t-il le risque d’avoir mal au dos ? La réponse est clairement oui :
- La fréquence de la lombalgie chez les patients ne présentant aucune céphalée était de 44,5%, contre 76,6% en cas de céphalées épisodiques et 88,2% en cas de céphalées chroniques.
- Peu importe qu’il s’agisse de migraine ou de céphalées de tension, c’est surtout le caractère chronique des maux de tête qui multiplie par 8 le risque de lombalgie (intervalle de confiance à 95% : 5,3 à 12,1). En cas de céphalées épisodiques, ce risque est malgré tout multiplié par 3,8 (intervalle de confiance à 95% : 3,4 à 4,2).
Pourquoi un tel constat ? Les auteurs misent tout sur la « pain matrix », ensemble de structures cérébrales dont la sensibilisation serait le mécanisme commun aux différents types de douleurs chroniques, dont la lombalgie et les céphalées. Si la « pain matrix » est à la mode (les clichés obtenus en imagerie fonctionnelle cérébrale sont souvent très beaux), suffit-elle à expliquer une telle association ? Malgré une discussion de 2 pages et 80 références bibliographiques, les auteurs survolent les aspects émotionnels, en évoquant du bout des lèvres de possibles « co-morbidités psychiatriques ». En réalité, il est rarement question de psychiatrie, mais surtout des cercles vicieux entre la douleur et l’anxiété, qui sont très fréquents en pratique quotidienne. Citons par exemple les cercles vicieux contracture musculaire / douleur / anxiété (pour la lombalgie) ou encore céphalée / anxiété / prises anticipatoires / abus médicamenteux (pour les céphalées chroniques).
Alors, au final, « pain matrix » ou cercle vicieux douleur / anxiété ? Et si le premier n’était que la photographie cérébrale du deuxième ?