samedi 20 avril 2013

Arthrose douloureuse des grosses articulations : quels patients infiltrer ?

La revue « Seminars in Arthritis and Rheumatism » publie un article intéressant sur les infiltrations intra-articulaires de corticoïdes en cas d’arthrose du genou ou de la hanche. Ces infiltrations sont en effet utilisées chez beaucoup de patients : leur efficacité, surtout à court terme, a pu être démontrée sur le plan statistique, mais elle est extrêmement variable d’un individu à un autre. La question est donc posée : à quels patients proposer ces infiltrations ?


Les auteurs de cet article ont réalisé un important travail de revue de la littérature scientifique. Première surprise : peu d’études de bonne qualité s’intéressent vraiment à cette question, seules 21 ont été retenues pour analyse. Deuxième surprise : aucun des signes cliniques ou radiologiques classiquement utilisés (stade d’évolution de l’arthrose, inflammation, hypertrophie synoviale) ne constitue un réel facteur prédictif. Ces signes ont en effet le plus souvent été identifiés au sein d’une seule étude, dont les résultats ont ensuite été contredits par d’autres… Troisième surprise, les facteurs dits psychologiques n’ont quasiment pas été étudiés, alors qu’ils influencent l’évolution de beaucoup de pathologies…

En résumé, en l’état actuel des connaissances, nul n’est capable de prédire à l’avance l’efficacité d’une infiltration de corticoïde en cas d’arthrose du genou ou de la hanche… Si ce constat ne remet pas en question l’intérêt des infiltrations, il les classe par contre dans la catégorie des « tests thérapeutiques » (aucune garantie d’efficacité ne peut être fournie au patient).


samedi 6 avril 2013

Vers un MacTraitement de la douleur ?

Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 75% des français ont recours à des méthodes non médicamenteuses qualifiées de « médecines alternatives et complémentaires » (dites MAC). Qui plus est, ce recours a le plus souvent lieu en dehors du parcours de soin classique, c’est-à-dire sans échange préalable avec le médecin traitant. Encore peu développées au sein des établissements de santé, les MAC font malgré tout l’objet d’un questionnement croissant, comme en témoignent les réflexions récentes de la Haute Autorité de Santé, de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris ou encore de l’Académie de Médecine.




Cet article à paraître dans la revue Douleurs (Elsevier-Masson) propose au lecteur un intéressant panorama des MAC utilisées contre la douleur, en les classant en 4 catégories :
  • Traitements biologiques naturels : acide alfa-lipoïdique, acétyl-carnitine et vitamine E
  • Pratiques psychocorporelles : hypnose, yoga, méditation
  • Traitements physiques manuels : ostéopathie, chiropractie, massage, toucher-massage
  • Médecines énergétiques : médecines traditionnelles chinoises et indiennes, incluant l’acupuncture ou l’auriculothérapie

Ces MAC ont en commun de ne pas être, à l’heure actuelle, utilisées de façon consensuelle par la communauté soignante (au contraire, par exemple, de la kinésithérapie ou des thérapies cognitives et comportementales, dont la place est aujourd’hui bien établie). Pour ce faire, il faudrait que la recherche puisse être « intensifiée grâce à une méthodologie adaptée à ces pratiques ».
Merci et bravo au Dr Isabelle Nègre pour son ouverture d’esprit et pour les 2 idées clés qu’elle dégage dans sa conclusion :
  1. Les approches non médicamenteuses de la douleur, de type MAC, vont dans le sens d’une approche globale de la personne douloureuse et favorisent la nécessaire démédicalisation ;
  2. Leur développement est essentiel, non pas pour se substituer à la médecine dite traditionnelle mais pour en renforcer l’efficacité, dans une optique intégrative.